Un cycliste français dans l’automobile américaine

Français, Albert Champion est pourtant l’archétype du self-made man américain. Né pauvre, il s’illustre dans les courses cyclistes avant de fonder deux entreprises emblématiques de l’automobile d’outre-Atlantique.

Albert Champion naît le 5 avril 1878 à Paris dans une famille modeste. Orphelin de père, il travaille dès 12 ans pour un fabricant de cycles. À 13 ans, il dispute ses premières courses amateurs avant de se professionnaliser dans la course sur piste. En 1899, déjà célèbre, il acquiert la renommée en gagnant le Paris-Roubaix.

Auréolé de cette victoire et privilégiant sa carrière à un service militaire de 2 ans, il décroche opportunément un contrat aux États-Unis. Ce qui lui vaut un temps d’être qualifié de déserteur par la presse française. Après des débuts difficiles, Albert enchaîne les succès dans les courses de demi-fond sur piste, ce qui lui assure de confortables revenus.

Albert Champion durant sa carrière cycliste, sans doute avant 1903.

Sur le Nouveau Continent, il s’intéresse aux véhicules motorisés qui servent alors à l’entraînement des cyclistes. Au guidon de tricycles motorisés et de motos, il bat entre 1901 et 1903 de nombreux records de vitesse. En 1903, il annonce même mettre fin à sa carrière cycliste pour devenir pilote automobile. Second volant pour Packard, sa nouvelle vocation connaît un brutal coup d’arrêt. Un grave accident lui brise la jambe gauche, désormais plus courte de 2 cm.

Cela n’entame en rien son esprit de compétition. Décidé à réunir l’argent nécessaire à sa reconversion, Albert remonte en selle dès1904 et se rend en France où il multiplie les victoires., obtenant même le titre de champion de France de demi-fond. Mais tout cela au prix de terribles souffrances liées à ses blessures.

Revenu à Boston, Albert se lance dans l’importation de pièces détachées automobiles Nieuport-Duplex. En 1905, il fonde avec les frères Stranahan « The Albert Champion Company ». Dès 1906, la compagnie conçoit sa propre batterie puis une bobine d’allumage et en 1907, ses premières bougies. Albert se distingue alors par l’attention apportée à la qualité et à l’amélioration continue de ses produits.

En 1908, après une rencontre avec William Durant, il quitte ses associés et fonde « The Champion Ignition Company » afin de produire des bougies pour Buick. L’entreprise s’accroît et se diversifie à mesure que General Motors se développe.
Après la Première Guerre Mondiale, elle s’implante au Royaume-Uni, en France et équipe de nombreuses marques automobiles des deux côtés de l’Atlantique.

En 1922, désormais millionnaire, Albert fait face aux tribunaux. Son épouse lui réclame le divorce pour infidélité et les frères Stranahan lui contestent depuis 1916 l’utilisation du nom Champion. Il renomme alors son entreprise « AC Spark Plug Company ».

En France à l’occasion du salon automobile de Paris, Albert décède d’un arrêt cardiaque le 2 octobre 1927, à 49 ans.

Les deux entreprises qu’il a fondées existent encore aujourd’hui : Champion et ACDelco.

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