Nul n’est prophète en son pays, pas même un producteur d’armes aux États-Unis. Enrichi par la guerre de Sécession, c’est en France que Hotchkiss deviendra une marque internationale.
Benjamin Berkeley Hotchkiss naît en 1826 à Watertown dans le Connecticut. Il grandit à Sharon où son père Asahel dirige et possède un atelier produisant différents outils et objets de quincaillerie. Grâce à l’inventivité familiale et plus particulièrement celle de son frère aîné Andrew, handicapé de naissance, l’entreprise se développe en déposant de nombreux brevets. Elle s’investit également dans la production d’armes et de munitions.
Andrew décède en 1858. Dès 1863, Benjamin s’associe à un autre de ses frères, Charles Albert, pour fonder « Hotchkiss’ Sons » en rachetant les parts aux différents membres de la famille, dont leur père.
La Guerre de Sécession qui déchire alors les États-Unis de 1861 à 1865 va accélérer la croissance de la jeune entreprise. Ayant fourni fusées d’artillerie et munitions aux troupes nordistes de l’Union, elle peut ouvrir une nouvelle usine à Bridgeport, toujours dans le Connecticut.
Avec la chute des Confédérés, les commandes gouvernementales et l’intérêt de Washington pour de nouvelles armes s’amenuisent. Benjamin Hotchkiss décide alors de se tourner vers l’Europe où les tensions internationales s’accroissent.
En 1867, il gagne la France. Il est accompagné de sa maîtresse qu’il épousera frauduleusement, devenant ainsi bigame. Lors de la guerre de 1870, à la demande du Gouvernement de la Défense nationale, il créé une fabrique de cartouches métalliques à Viviez dans l’Aveyron.
Après la guerre franco-prussienne, Hotchkiss se rapproche de Paris, d’abord quai de Jemappes puis pour des raisons d’espace, à Saint-Denis en 1875. Il met au point de nombreuses armes innovantes dont un canon revolver à tir rapide. Il multiplie alors les contrats. Avec l’armée des États-Unis, à laquelle il vend des canons. A l’armurier américain Winchester auquel il cède en 1879 son brevet pour un fusil à répétition. Mais aussi avec la Russie et bien évidemment la France. Animé par un esprit de revanche, le pays réarme massivement et les canons Hotchkiss se retrouvent tant sur les navires que dans la ligne de fortifications du système Séré de Rivières.
Devenu un des premiers fabricant d’armes au monde, Benjamin Hotchkiss s’éteint brutalement le 14 février 1885 à Paris à l’âge de 59 ans.
Son entreprise d’armement lui survit. La mitrailleuse mise au point après sa mort -et à laquelle on donne son nom en hommage- équipe lors de la première guerre mondiale l’armée française ainsi que le corps expéditionnaire américain. En 1903 la société se diversifie en donnant naissance à l’une marque automobile dont l’emblème est directement inspiré de celui de l’United States Army Ordnance Corps, rappelant les origines américaines et armurières de la marque.
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A la mort de Dietrich Mateschitz le 22 octobre 2022, beaucoup ont découvert avec surprise l’origine autrichienne de Red Bull. Dans l’inconscient collectif, l’Autriche est plus souvent associée aux couronnes impériales qu’à l’industrie mondiale. Le pays des Habsbourg, à l’instar de son voisin allemand, compte pourtant de très anciennes entreprises.
Ce n’est probablement pas par hasard que la société Swarovski est née dans un ancien empire.
Dès 1895, Daniel Swarovski fonde avec deux associés une entreprise à Wattens dans le Tyrol autrichien. Celle-ci exploite la machine électrique brevetée par Daniel et permettant la taille précise des cristaux de verre. L’utilisation de ces derniers dans la haute couture et notamment des célèbres strass va permettre le développement de l’entreprise jusqu’au rang international qui est le sien aujourd’hui.
Mais dès 1919, Swarovski se diversifie en fondant Tyrolit, une société dédiée à la commercialisation de disques à meuler nés du savoir-faire de la maison-mère dans le domaine.
Et en 1949, fort de l’expérience acquise dans le travail du verre, Wilhelm, fils du fondateur, créé Swarovski Optik. La filiale se spécialise dans les optiques de précision, des jumelles aux télescopes en passant par les lunettes de visée pour le tir.
Le joyau de la couronne industrielle des Habsbourg demeure toutefois sans conteste Steyr. En 1864, Josef Werndl fonde une manufacture d’arme à son nom, Josef und Franz Werndl & Comp., Waffenfabrik und Sägemühle. Dès 1867, le fusil qu’il produit est adopté par l’armée austro-hongroise assurant ainsi sa croissance. A l’aube de la première guerre mondiale l’armée impériale adopte à nouveau un fusil de l’entreprise. De 1895 à 1918, le « Mannlicher » M1895 sera produit à plus de 3 millions d’exemplaires.
En 1919, face à l’interdiction de produire des armes imposée aux vaincus, la firme doit se réinventer. Elle se lance alors dans la production de cycles, d’automobiles et de camions. Elle prend le nom de Steyr en 1926. En 1934, elle s’associe à son concurrent Austro-Daimler-Puch.
Avec l’Anschluss et la seconde guerre mondiale, la production d’armes reprend pour connaître la même sanction en 1945. Après-guerre Steyr-Puch retourne aux camions, aux bus et aux tracteurs. Elle entame également une collaboration avec Fiat pour produire des voitures. Depuis 1970, l’entreprise développe des compétences spécifiques dans la production de véhicules tout-terrain pour l’armée autrichienne ou en coopération avec des constructeurs automobiles étrangers (Fiat Panda 4×4 et Mercedes classe G entre autres).
Dans les années 1950, sous le nom de Puch, la société vend des vélos, mobylettes et motos jusqu’aux États-Unis. A la même période, en pleine guerre froide, la production d’armes reprend pour équiper l’armée autrichienne renaissante.
A la fin des années 1980, le groupe industriel commence à se scinder en vendant ses différentes branches. Certaines conservent encore une partie du nom : Steyr Mannlicher (armes) , Magna Steyr (automobiles).
Même froide, la guerre a déjà provoqué une pénurie à l’Ouest. En 1955, Shell doit choisir entre la fourniture à la CIA d’un carburant d’exception et l’approvisionnement d’un fabriquant d’insecticide.
Au début de la Guerre froide, les États-Unis souhaitent développer un avion de reconnaissance à long rayon d’action capable de survoler l’URSS. Pour échapper aux radars et aux missiles, il doit être capable d’évoluer à très haute altitude : 70 000 pieds soit environ 21 300 mètres.
La proposition retenue par la CIA est celle de Lockheed. L’avion, qui prendra le nom de U-2 (comme un célèbre groupe de rock irlandais par la suite), doit faire face à de nombreux défis technologiques. Le vol à une altitude aussi élevée génère en effet des contraintes majeures et encore inédites. Parmi celles-ci, le besoin d’un carburant résistant à l’ébullition et l’évaporation.
Alors Vice-Président de la Shell Oil Company et proche conseiller du président Eisenhower, James H. Doolittle (l’auteur du raid sur Tokyo en 1942) intervient pour permettre l’élaboration par Shell d’un carburant adapté. En 1955, le JP-7, avec un point d’ébullition à 149°C au niveau de la mer, est prêt.
Toutefois la fabrication de ce carburant exige l’usage de sous-produit pétroliers habituellement destinés à la production d’un célèbre insecticide, le Flit. Afin de fournir les quantités énormes de carburant JP-7 destinées au premiers vols de l’U-2, Shell doit se résoudre durant le printemps et l’été 1955 à restreindre la fourniture à Flit des sous-produits tant convoités. Provoquant ainsi une pénurie d’insecticide dans tout le pays.
Dans les décennies suivantes, le Flit -comportant du DDT progressivement interdit- disparaîtra des étals tandis que le JP-7 poursuivra une longue et prestigieuse carrière. Il propulsera l’un des avions militaires le plus rapide du monde et accessoirement successeur de l’U-2 : le SR-71 Blackbird.
Arquus produit des véhicules et équipements pour l’armée française ainsi que pour l’export. L’entreprise est née en 2016 du long mouvement de concentration qui depuis plus d’un demi-siècle remodèle le secteur des véhicules industriels et de la défense. Internationale mais avec un puissant enracinement en France, Arquus a inauguré en juin 2021 un conservatoire du véhicule militaire à Garchizy dans la Nièvre ; point d’orgue d’une politique exemplaire de mise en valeur de l’histoire de l’entreprise.
Si Arquus est encore peu connue du grand public, les noms des marques qui la composent, ont laissé une empreinte durable dans l’histoire industrielle française et la mémoire des passionnés de véhicules anciens. Ainsi son arbre généalogique livre-t-il des noms prestigieux de précurseurs de l’automobile : Berliet, Latil, Panhard & Levassor. Plus connus sont les noms des branches poids-lourds de Renault et Volvo. Ceux pour qui ces noms n’évoquent rien connaissent au moins les silhouettes de certaines de leurs productions. Des interventions de l’armée française aux quatre coins du monde jusqu’au défilé du 14 juillet, ces véhicules sont familiers du petit écran.
Héritière d’un passé prestigieux mais également de matériels aussi remarquables qu’encombrants, Arquus a pris le parti de pleinement exploiter son passé, le considérant -ainsi que nous aimons à le répéter- comme un capital à faire fructifier.
Après avoir soutenu des publications consacrées à son histoire sur différents supports (livres, bandes-dessinées, et rubrique du site internet de l’entreprise), elle s’est consacrée à la préservation de son patrimoine en créant le Conservatoire Arquus du véhicule militaire, inauguré le 17 juin 2021. Sur l’emprise de son plus vaste site de production, l’entreprise abrite dans trois halls dédiés déjà plus de 70 véhicules des différentes entités qui ont donné naissance à Arquus. Provenant directement des réserves ou faisant l’objet de partenariats avec des institutions publiques comme privées, ils retracent l’histoire d’une industrie au service de la défense depuis les première années du XXe siècle et le premier conflit mondial.
Cette politique volontariste de conservation du patrimoine poursuit trois objectifs :
rappeler la légitimité d’Arquus dans le domaine de la défense terrestre ; un nom récent mais une expérience de plus d’un siècle.
renforcer le sentiment d’appartenance des collaborateurs.
consolider l’image de marque auprès du grand public.
Pour conduire à bien ces missions, préalablement au Conservatoire, Arquus a créé fin 2020 un fonds de dotation. Ce dernier s’est fixé pour objet « toute action d’intérêt général contribuant à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine culturel et industriel, matériel et immatériel, relatif aux véhicules militaires français produits depuis la fin du 19ème siècle à nos jours dans un but notamment culturel et éducatif ». Objectif aussi noble que vaste.
Véritable outil d’administration du mécénat, le fonds de dotation reçoit et gère des dons (défiscalisables) et legs des particuliers et professionnels. Il utilise les revenus de leur capitalisation pour remplir ses buts : l’acquisition, la conservation et la restauration de matériels, l’organisation ou la participation à des expositions et manifestations, la conduite d’actions pédagogiques ainsi que le soutien aux organisations poursuivant les mêmes objectifs.
C’est donc une politique globale de gestion de son histoire d’entreprise qui a été mise en place par Arquus.
Une prise de conscience de la valeur du passé et du patrimoine matériel de l’entreprise a conduit à l’élaboration d’objectifs clairement définis ; objectifs au service de la communication tant interne qu’externe d’Arquus. Enfin, une montée en puissance des moyens -des premières brèves sur le site internet jusqu’à la création d’un fonds de dotation et d’un conservatoire destiné à devenir un musée- ont permis de donner corps à ce qui est maintenant une opération de communication efficace et continue : les investissements consentis porteront leurs fruit encore longtemps.
Qu’ils soient actuels ou à venir, les clients, les partenaires et les employés intégreront à leur représentation de l’entreprise Arquus sa composante historique. Pour son plus grand profit.
Il s’agit à nos yeux d’un modèle à suivre dans le domaine du traitement de l’histoire d’entreprise.
C’est d’ailleurs sans surprise que vous trouverez sur notre site internet une présentation de la plus-value de l’histoire d’entreprise très proche des trois objectifs d’Arquus. Donner à voir son passé à destination de ses clients, de ses salariés et du public en général.
On nous objectera peut-être que la taille d’Arquus et ses moyens financiers en font un cas particulier. C’est selon nous une erreur d’appréciation. En effet, seule l’échelle différencie une TPE d’un groupe international. Fondamentalement, les objectifs de performance et les cibles sont identiques. Toute entreprise cherche à fidéliser ses clients et à rassurer ses prospects ; à renforcer l’engagement de ses salariés, à s’imposer durablement comme une référence dans l’inconscient collectif. Seule l’ampleur des moyens déployés différera.
C’est la tâche du Bureau des Récits qui vous conseillera pour proposer ses services les plus adaptés et les plus efficients en prenant en compte vos objectifs et votre budget.
– Si vous ne l’avez pas encore fait en lisant cet article, nous ne saurions trop vous conseiller de parcourir en tout sens la rubrique Patrimoine du site internet de la société Arquus. – Le Conservatoire, destiné à devenir un musée ouvert au public à l’horizon 2023, sera accessible le samedi 18 septembre 2021 lors des prochaines Journées du Patrimoine. Suivez l’actualité d’Arquus sur son site.
L’auteur tient à remercier le service presse d’Arquus et plus spécialement monsieur Tollet.