Réinventer la roue ?

Tandis que je préparais mon moderne enregistreur vocal pour des entretiens, mon regard s’est arrêté sur son ancêtre.
Une Stenorette 2000 que je tiens de mon grand-père.

L’appareil a été mis sur le marché par Grundig en 1973, il y a tout juste 50 ans.

Et puisque les besoins de cette époque diffèrent peu de ceux d’aujourd’hui, c’est avec amusement que je constate l’existence d’outils que nous associons à tort à l’ère informatique.

L’angoisse de la batterie vide lors au moment crucial n’est pas née avec les smartphones. Aussi, la Stenorette disposait-elle pour les plus prévoyants d’une jauge de batterie.

Et déjà, il était possible de raccorder l’engin sur une base non de rechargement mais d’alimentation pour retranscrire les enregistrements paisiblement chez soi, rassuré par une prise électrique.

De même, le temps de bande magnétique disponible pouvait être lu directement sur l’appareil grâce à un astucieux mécanisme de vis et curseur intégré directement à la cassette.

Je ne me lasse pas de ces solutions simples et efficaces.

Comme me disait parfois mon grand-père, aussi amusé que résigné, « chaque génération imagine pouvoir réinventer la roue »…

Objets inanimés, avez-vous donc une histoire ?

Derrière cet emprunt aux vers de Lamartine se cache une réelle interrogation.
Lors de mes rencontres professionnelles, il est arrivé plusieurs fois que mon interlocuteur s’inquiète, avec une pointe de gêne, de n’avoir rien conservé ou presque de l’histoire de son entreprise, aucune machine ancienne et, a fortiori, aucun produit fini. Comment alors raconter et illustrer cette histoire ?

C’est justement le propre de l’Historien que de faire parler les indices ténus qui ont survécus. De les croiser avec d’autres témoignages pour retracer les fils de la mémoire.

Pour illustrer mon propos, une brève anecdote personnelle.

Après le décès de mes grands-parents, j’ai hérité d’une poignée de piécettes éparses sans grande valeur et d’un petit médaillon. Il s’agissait typiquement des fonds de poche qu’un voyageur ramène à l’issue de son périple faute d’avoir pu les changer et aussi pour conserver un souvenir à peu de frais.

Les pays d’origine et les dates des pièces, principalement de 1950 à 1969, m’ont permis de les attribuer sans difficulté et avec certitude à mon grand-père.

Avec elles a ressurgi une partie de sa vie professionnelle. Ouvrier aux ateliers et Chantiers de Bretagne à Nantes (ACB), je savais qu’il avait effectué de nombreux déplacements. Ces monnaies m’ont permis d’interroger et de réveiller l’histoire familiale pour en apprendre plus encore.

Ma mère et mes tantes ont affiné les dates des voyages et les destinations. Elles m’ont raconté le déchirement pour lui de quitter son épouse adorée mais la nécessité d’obtenir des primes pour nourrir une famille nombreuse et payer sa maison. Mais aussi les joies inattendues de cet éloignement subi, avec le coup de foudre pour le Portugal et le Fado. Enfin, le séjour au nord du cercle arctique à Mourmansk, en URSS, dans des conditions climatiques et politiques glaciales…

L’examen de ces pièces et du médaillon de Bielefeld m’a aussi fait réaliser que le savoir des ACB était à cette époque recherché non seulement par quelques pays pauvres mais également par des puissances financières ou techniques de premier plan, comme la Suisse ou l’Allemagne.

Par ce qu’elles disaient ou ce qu’elles ont fait ressurgir, ces quelques pièces m’en ont finalement appris beaucoup.

Il y a, sans aucun doute, dans vos ateliers ou vos bureaux des objets qui attendent de raconter une partie de l’histoire de votre entreprise.

Autour d’un objet

Un simple produit peut témoigner des qualités d’une marque. Tel est le cas de cette carte éditée par Foldex entre 1939 et 1940.

Devenue aujourd’hui Blay-Foldex, la société fait de la réactivité l’une de ses forces.

Carte de l’Europe centrale éditée par Foldex, 56×75 cm, 3×6 plis, papier, vers 1939-1940 (photo G.Brunet)

Cette carte de l’Europe Centrale physique et politique illustre parfaitement l’ancienneté de cette préoccupation.

Y figurent en effet le Protectorat de Bohême-Moravie, établi par l’Allemagne, et la Slovaquie ; fruits du démembrement de la Tchécoslovaquie en mars 1939.
On y distingue également le Gouvernement Général installé par le régime hitlérien en octobre 1939 sur la partie de la Pologne qui n’a pas été directement annexée au Reich.
La Lituanie, envahie par l’URSS en juin 1940, est encore représentée indépendante. L’Alsace, annexée par l’occupant en octobre 1940, est encore française. Ce qui nous assure que cette carte a été dessinée et produite dans le court laps de temps écoulé entre octobre 1939 et juin 1940.

Il en ressort l’image d’une entreprise dynamique et réactive s’adaptant aux bouleversements géopolitiques de son époque pour assurer à ses clients un produit actualisé.

Si vous aussi souhaitez mettre en avant les valeurs et traditions de votre entreprise grâce aux produits qui ont jalonné son histoire, n’hésitez pas à contacter le Bureau des Récits.